Inflation dans les télécoms : un secteur relativement épargné ?
Notre experte Telco s’est intéressée à l’impact du contexte inflationniste sur ce marché (voir la saga complète). Au printemps 2022, la crise s’est d’abord imposée comme un choc sur les prix de l’énergie, de l’essence et des denrées alimentaires : la quasi-totalité des Français ont immédiatement constaté des hausses sur ces postes de dépenses. Alors comment est ressentie l’inflation dans les télécoms ?
La perception de l’inflation sur le marché des télécoms
Un secteur où les hausses de prix ont été plus tardives
Au début de la crise, le secteur des Télécoms apparaissait comme relativement épargné. Certes, à un moment où l’inflation était sur toutes les lèvres, les Français étaient assez nombreux (41% en juin 2022) à penser que les hausses de prix touchaient également ce secteur. Mais comparativement à d’autres domaines (du transport à l’équipement de la maison en passant par les assurances), cette proportion restait très en retrait.
Par la suite, le sentiment que les prix étaient en hausse s’est progressivement diffusé dans la population, pour tous les secteurs y compris les Télécoms, qui restaient toutefois moins touchés par l’inflation.
Mais au premier semestre 2023, un retournement de tendance s’est opéré, avec une part de Français constatant des hausses sur leurs abonnements internet et téléphonie mobile progressant de façon spectaculaire : + 33 points en l’espace de 9 mois. En juin 2023, c’étaient ainsi 78% des Français qui avaient repéré des hausses de prix au cours des 12 derniers mois sur leur abonnement internet ou téléphone mobile. Une prise de conscience logique puisque c’est précisément à cette période que les principaux opérateurs ont appliqué des hausses de tarif sur la plupart des abonnements en cours. L’obligation faite par le Code de la consommation de prévenir les abonnés de la modification des contrats en cours a pu créer un effet de loupe : il était difficile de passer à côté de l’information, qui n’était pas seulement constatée en bas de la facture, mais faisait souvent l’objet d’une communication spécifique.
Une inflation qui paraît plus modérée
Si les hausses tarifaires ont été repérées par la plupart des abonnés, elles sont le plus souvent qualifiées de minimes : 55% des Français évoquent des « hausses légères » sur les tarifs des abonnements, 23% considérant que ces hausses ont été importantes. Un chiffre à relativiser quand on le compare à d’autres postes budgétaires : 94% des Français ont relevé des hausses importantes sur le carburant, 77% sur les courses alimentaires ou encore 75% sur l’électricité et le gaz.
Une façon sans doute pour les Français de reconnaître que les opérateurs ont su limiter la hausse des tarifs, sans tirer parti du contexte global d’inflation.
Inflation dans les télécoms : et si les prix devaient continuer à augmenter ?
Nous avons listé 13 pistes possibles pour réduire son budget Télécom et demandé aux Français vers lesquelles ils pourraient envisager de se tourner si les prix devaient continuer à augmenter.
À l’avenir, si les coûts des abonnements Telecom devaient continuer à augmenter, pourriez-vous envisager de…
Renoncer purement et simplement à s’équiper n’est pas un tabou absolu
22% des Français pourraient envisager de se passer d’abonnement internet fixe. Il est vrai que les solutions alternatives existent : 7% d’entre eux imaginent alors de se connecter à Internet uniquement sur leur téléphone mobile et 8% d’accéder à internet sur un ordinateur ou une tablette en utilisant un partage de connexion avec leur téléphone.
Pour ce qui est du mobile, ce sont 17% des Français qui envisageraient de s’en passer si les prix atteignaient un niveau très élevé.
Le plus surprenant réside peut-être dans le profil de ceux qui parviennent à imaginer une vie sans abonnement Telecom : sans surprise des CSP-, sans doute moins aptes à s’adapter face à des hausses de prix, mais aussi des personnes qui détiennent aujourd’hui des offres convergentes, et surtout des 18-44 ans.
Les 18-24 ans sont les plus enclins à lâcher leur abonnement mobile (41% pourraient l’envisager) et/ou internet fixe (45%). Les 25-44 ans sont un peu plus réticents, en particulier en ce qui concerne le mobile (« seulement 27% d’entre eux envisagent de se passer de téléphone mobile) mais assez ouverts pour ce qui est de la connexion internet fixe (37% s’en passeraient), beaucoup envisageant de pratiquer le partage de connexion depuis un mobile en remplacement.
Ces pistes d’économies radicales pour faire face à l’inflation dans les télécoms font toutefois figure de dernière extrémité, se positionnant en fin de classement.
Les réactions des Français montrent surtout leur attachement aux facilités que leur offrent leurs abonnements internet et mobile, et la difficulté à y renoncer
Sur les 5 propositions consistant à réduire la voilure sur ses abonnements, 4 se situent en fin de classement, occupant les 8,9, 10 et 11ème positions. Seulement 47% pourraient envisager de réduire leur godet data, 39% leur durée d’appels, 29% pourraient souscrire un forfait bloqué et 27% renoncer à la fibre pour un abonnement ADSL.
Des stratégies que les jeunes envisagent davantage que leurs aînés, et les résidents de province davantage que les franciliens. En revanche, pas de différences entre hommes et femmes.
La dernière piste testée dans ce registre rencontre davantage de succès : 59% seraient prêts à renoncer à des offres de divertissement incluses dans leur abonnement internet fixe. Les 25-44 ans sont les plus ouverts à cette proposition, les 18-24 ans se montrant beaucoup plus frileux.
La piste de renégociation des conditions avec son opérateur – ou un autre – est privilégiée
Si les prix devaient continuer à augmenter, la majorité des Français envisageraient de changer d’opérateur mobile (55%) ou internet (57%). Les 25-44 ans et les foyers aux revenus élevés sont les plus enclins à faire ainsi jouer la concurrence.
Les mécaniques commerciales classiques du secteur peuvent offrir un refuge en cas de hausse des prix : 61% seraient prêts à regrouper leurs offres mobile et internet chez le même opérateur et 62% à opter pour une offre avec engagement de durée pour bénéficier d’un tarif plus avantageux.
Une nouvelle fois, les préférences sont fortement liées à l’âge, les moins de 35 ans privilégiant l’engagement de durée tandis que les 55-64 ans favorisent le regroupement de leurs offres.
Les leviers privilégiés pour réduire son budget Télécom résident davantage dans les équipements que dans les offres
Des 13 propositions testées, la piste la plus acceptable pour réduire son budget Télécom face à l’inflation consiste à renouveler son téléphone mobile moins souvent : 70% pourraient l’envisager. Les 18-24 ans sont un peu plus nombreux à avoir du mal à envisager de ne pas bénéficier des dernières nouveautés, mais ils restent globalement ouverts à l’idée de conserver leur terminal plus longtemps.
On note également que l’offre de reconditionné apparaît comme une solution d’économies moins consensuelle. Une courte majorité pourrait envisager de s’équiper dans cette gamme (55%), mais cela reste inenvisageable pour une forte minorité (40%). Les 18-24 ans et les 65 ans et plus sont les plus réticents.
Consultez nos épisodes précédents de « L’inflation dans les télécoms ».
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