Saga Banque & Pop Culture
Episode 3 : Crédits galactiques & crypto-monnaies avec Star Wars
C’est un secret de polichinelle : la cote d’amour de la banque est maigre dans l’opinion. Toutes les études le confirment, les Français sont méfiants, pour ne pas dire critiques, vis-à-vis de la banque en général. Au-delà des constats et des débats, il est intéressant de s’interroger sur l’imaginaire collectif associé à ce secteur et comment les œuvres de fiction s’en emparent pour contribuer à façonner l’image que nous en avons. Après l’intelligence artificielle et la RSE, nous ouvrons donc une nouvelle saga « Pop Culture » consacrée cette fois-ci à la banque.
Au programme, 4 institutions de fiction qui feront chacune l’objet d’un épisode hebdomadaire, toutes contribuant à façonner durablement nos représentations. Ce troisième épisode se penche sur le cultissime Star Wars.
Wupiupi, Trugut, Peggat et plus si affinités
Sans surprise, la mini-série Obi-Wan Kenobi réalise un carton sur Disney+. Les deux premiers épisodes, sortis le 27 mai dernier, sont les plus regardés de la plateforme sur un week-end d’ouverture depuis… la saison 1 de The Mandalorian en 2019, une autre série Star Wars. Toujours aussi lucrative la Force est ! Dans cette nouvelle mouture, le spectateur découvre un Ben Kenobi réfugié sur Tatooine, traqué par l’Empire et son ancien apprenti devenu le redoutable Seigneur Vador, tout en ayant la lourde responsabilité de veiller sur le jeune Luke Skywalker, appelé à devenir le héros que l’on sait quelques années plus tard. En attendant, il gagne sa vie chichement, en travaillant dans une espèce d’abattoir en plein désert. Il y découpe peut-être du Bantha, du dragon Krayt ou du Sarlacc, allez savoir : l’histoire ne le dit pas. Pas plus que la monnaie utilisée pour rémunérer l’ex-Jedi. Peut-être en Datarie, le Crédit Républicain devenu Impérial depuis l’accession au pouvoir de Palpatine. Mais à bien réfléchir, ce serait plutôt en Wupiupi, en Trugut ou Peggat. Les monnaies locales sont nombreuses dans Star Wars. On en recense au moins trois sur Tatooine. Elles ont leurs territoires et leurs cours. Les puristes seront ravis d’apprendre qu’un Datari vaut 40 Peggat ou 64 Wupiupi. En apparence secondaire, la question financière est pourtant essentielle dans Star Wars. Elle contribuera en grande partie à l’effondrement de la République.
Jedi et Templiers, même combat
Souvenez-vous. En 1999 sort le premier volet de la prélogie : cette nouvelle saga imaginée par George Lucas pour raconter la chute du jeune Anakin Skywalker, bien avant la naissance de ses enfants et leurs aventures racontées dans les épisodes 4, 5 et 6. Ce sera le troisième carton cinématographique de l’année, derrière le dessin animé Tarzan et le film de Claude Zidi, Astérix et Obélix contre César. La Menace Fantôme s’ouvre sur une séquence diplomatique de haute volée : Obi-Wan Kenobi et son maître Qui-Gong Jinn sont chargés de négocier les conditions de libération de la planète Naboo après son invasion par la Fédération du Commerce. C’est l’un des bras armés de Palpatine, qui utilise autant sa puissance militaire qu’économique pour manœuvrer dans les coulisses d’un Sénat qu’il finira par retourner quelques années plus tard. Car les Séparatistes comptent parmi leurs rangs le puissant Clan Bancaire Intergalactique (CBI), composé des plus riches systèmes de la galaxie ralliés entre eux et usuriers du Trésor de la République. Pour le dire simplement : ils tiennent la caisse démocratique. Et contribuent largement à épuiser économiquement une République qui vacille déjà de toute part. Presque un remake de la chute de l’Ordre des Templiers, qui finançait alors l’ensemble des royautés européennes ainsi que la papauté. L’histoire s’est mal finie. Dans les flammes, plus précisément. Comme à la fin de l’épisode 3, lorsque Vador est laissé pour mort sur la planète volcanique Mustafar, le corps presque entièrement brûlé.
Jabba le Hutt vs Christine Lagarde
George Lucas ne précise pas s’il y a, ou non, une banque centrale dans Star Wars. La prélogie est davantage orientée sur les dimensions politiques et militaires, c’est l’histoire d’une guerre après tout, en écho à la dérive autocratique du Président Bush, qui atteindra son apogée avec l’invasion de l’Irak en mars 2003. Pas plus qu’il ne s’étend sur les conséquences économiques de ce conflit, son impact sur le cours du Crédit Républicain ou sur une possible crise inflationniste. Dommage. L’économiste galactique en herbe aurait aimé en savoir davantage, surtout au regard des récentes déclarations de Christine Lagarde : « Les cryptomonnaies ne valent rien, elles ne reposent sur rien » (Courrier International, édition du 24 mai 2022). Si ces devises semblent caduques, c’est parce qu’elles ne sont pas adossées à une banque centrale. En d’autres termes, elles ne reposent pas sur des actifs patrimoniaux de Nations. Précisons qu’elle faisait référence au krach des semaines précédentes. Mais les Banques Centrales ne sont pas indestructibles, comme le montre l’effondrement du Crédit Républicain. Alors que, dix ans après ces événements, le Wupiupi, le Trugut ou le Peggat ont toujours cours et offrent la possibilité aux millions d’habitants de Tatooine exclus d’un système impérial centralisé de faire des emprunts pour financer l’achat de matériel agricole par exemple, et d’opérer des transactions. De vivre dans un système bancaire alternatif, là où il est déficient. Les vieilles devises ont la dent dure. Les nouvelles peut-être encore plus.