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Patrick Bateman Banque et pop culture - Épisode 2
Banque & Pop Culture – Episode 2 : American Psycho

Saga Banque & Pop Culture
Episode 2 : Massacre à la tronçonneuse, avec Pierce & Pierce dans American Psycho

C’est un secret de polichinelle : la cote d’amour de la banque est maigre dans l’opinion. Toutes les études le confirment, les Français sont méfiants, pour ne pas dire critiques, vis-à-vis de la banque en général. Au-delà des constats et des débats, il est intéressant de s’interroger sur l’imaginaire collectif associé à ce secteur et comment les œuvres de fiction s’en emparent pour contribuer à façonner l’image que nous en avons. Après l’intelligence artificielle et la RSE, nous ouvrons donc une nouvelle saga « Pop Culture » consacrée cette fois-ci à la banque.
Au programme, 4 institutions de fiction qui feront chacune l’objet d’un épisode hebdomadaire, toutes contribuant à façonner durablement nos représentations. Ce deuxième épisode s’intéresse à l’œuvre culte American Psycho.


Livret Banque & Pop Culture Episode 2

Ultra-libéralisme & maxi hémoglobine

Patrick Bateman est le héros de American Psycho, publié en 1991 par Bret Easton Ellis. Le roman raconte l’histoire d’un conseiller en gestion de patrimoine de Wall Street âgé de 27 ans qui travaille chez Pierce & Pierce à la fin des années 1980, à l’apogée de l’ultra-libéralisme prôné par l’administration Reagan.

À sa sortie, le livre fit l’effet d’une bombe et provoqua un véritable scandale, tant pour son extrême violence que pour sa pornographie. Depuis, le bouquin est devenu culte et s’est vendu à plusieurs millions d’exemplaires dans le monde. Un film en sera tiré en 2000, avec Christian Bale dans le rôle principal. Culte aussi.

Le loup de Wall Street

En 1991, les lecteurs découvrent, souvent horrifiés, Patrick Bateman. Ses costumes chics, sa « morning routine », ses produits de beauté, ses cartes de visite, ses séances de sport et ses masques décongestionnants… ainsi que sa folie, bien dissimulée derrière son sourire de jeune loup de Wall Street. À l’abri dans son appartement hors de prix, au milieu de ses gadgets dernier cri, de ses albums de musique préférés et de ses meubles de designers, il tue, décapite, égorge, viole. Un nabab solitaire et affamé, dénué de toute humanité, sauf pour son humour, cynique à souhait.

C’est la caricature du Yuppie* poussée à son paroxysme, et qui a encore la vie dure aujourd’hui. Quête du profit, ambition démesurée, goûts de luxe, mépris des marginaux, des femmes et des pauvres, au point de pouvoir les massacrer en toute impunité, Patrick Bateman est l’incarnation même de la puissance, blanche, masculine, diplômée de Harvard, riche et amorale, qui ne sera d’ailleurs jamais inquiété pour ses crimes, même les plus délirants. Vanité de l’existence, rien ne peut réconforter Bateman, sauf la vision de la Trump Tower, « immense, miroitant avec orgueil dans la lumière. » Car Bateman est un inconditionnel de l’homme d’affaires, dont il singe le style et les manières. Evidemment.

Consumérisme, cannibalisme, sexe & cocaïne

En 2013, Leonardo Di Caprio interprétera, sous la caméra de Martin Scorsese, un personnage proche de Patrick Bateman, mais versant plutôt dans la consommation effrénée de cocaïne que dans le meurtre ou le cannibalisme (car oui, Patrick Bateman est un lointain cousin d’Hannibal Lecter). Dans les deux cas, c’est bien le même monde qui est décrit : celui de la bourse et de ses spéculateurs, adeptes du « pump and dump » (« gonfler et larguer »), consistant à faire monter artificiellement le prix d’une action par des déclarations mensongères, dans le but de revendre ces actions, achetées à bas prix, avec une forte plus-value. Des spéculateurs adeptes de sexe, d’adrénaline, de vitesse et d’ivresse, monologuant comme Patrick Bateman durant des pages entières sur les discographies de Huey Lewis, Phil Collins ou Whitney Houston. Ou sur les marques qu’il affectionne le plus.

Véritable catalogue, American Psycho traduit un matérialisme envahissant et égoïste, qui se reflète dans le vide des conversations. Comme pour masquer toute absence d’émotions derrière une consommation frénétique. Le trader ne ressent plus rien : c’est la clé de sa réussite. Bateman ne vit que pour tuer et ne tue que pour vivre.

Faire argent de tout

Le « golden boy » dans la fiction est souvent aussi narcissique que diabolique. À l’instar de Gordon Gekko (Michael Douglas, Wall Street), dont le nom renvoie aux animaux à sang-froid, allégorie d’un manque de compassion et d’humanité, doublée d’une impunité totale, qui est et reste la caractéristique principale du magnat. Ces représentations demeurent persistantes. D’autant que le réel dépasse souvent la fiction, contribuant au désenchantement de cette profession qui continue à faire les gros titres de la presse. Il suffit de penser aux affaires Kerviel et Madoff, ou au scandale des Panama Papers. Comme s’il n’y avait aucune alternative possible. L’argent souille jusqu’à l’âme.

Dans American Psycho, la ville des affaires dévore ses enfants autant qu’elle les porte aux nues. Aucun n’en sort indemne. « Comment pourrait-elle donc comprendre que rien ne pourrait jamais me décevoir, puisque je n’attends plus rien ? » se demande Patrick Bateman. De quoi alimenter durablement les stéréotypes et continuer à fragiliser une relation toujours plus distendue entre les clients et leur banquier, dont le quotidien est bien éloigné de ces considérations. Et pourtant, elles imprègnent durablement les imaginaires.

La rédemption est néanmoins toujours possible, comme l’écrivait Jérôme Kerviel dans son livre J’aurais pu passer à côté de ma vie : « Avant de me rendre à Rome, j’avais l’impression d’être le diable décrit par certains, et j’ai vu dans les yeux du pape François que je ne l’étais pas ». Mais ceci est une autre histoire…

* Yuppie : Young Urban Professional, terme anglophone définissant les jeunes cadres évoluant dans les milieux du commerce international et de la haute finance, et habitant le cœur de grandes métropoles.

EN SAVOIR +

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Olivier Bousquet

Directeur de Clientèle

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