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Déconfinement : étude Enov
Les Français et le déconfinement

Déconfinement : l’impact de la défiance des Français sur les déplacements après le 11 mai

Enov s’est associé au cabinet d’expertise en sciences comportementales NF ÉTUDES, pour lancer une grande enquête sur l’état d’esprit des Français face à cette crise inédite et la façon dont ils envisagent de se déplacer après le 11 mai. L’état d’esprit des Français pendant ce confinement est plutôt négatif quant à la situation actuelle. Conscients des risques, ils n’envisagent pas pour le moment de retour à la normale de leurs habitudes de déplacements lors du déconfinement et attendent des mesures fortes de sécurité.

Face à l’urgence et l’ampleur de la situation, nous avons fait le choix de mettre à disposition, sur simple demande, les résultats de notre étude. Nous espérons ainsi aider tous ceux qui, à leur niveau, contribuent à la résolution de cette crise sans précédent.

Confinement : une période sombre pour les Français, méfiants et inquiets

Le confinement engendre des pensées négatives, notamment chez les personnes seules

Si seulement 27% des Français vivent mal le confinement, ce chiffre monte à 38% chez les personnes n’ayant pas un logement avec un espace extérieur et à 39% chez les personnes vivant seules. Du reste, 45% se sentent mal à l’aise ou inquiets et 24% ont souvent des pensées négatives ou tristes (31% chez les personnes vivant seules).

Une défiance envers les autorités et la population

38% des Français doutent de l’efficacité des recommandations des Autorités. Ils sont d’ailleurs 22% à penser qu’ils devraient être autorisé à sortir de chez eux et 16% à trouver que les mesures prises pour limiter la propagation du virus sont injustes.

Si la perception de sa propre capacité à se protéger est plutôt positive, la défiance vis-à-vis des autres est de mise. En effet, alors que 90% des Français estiment suivre les recommandations des Autorités, ils ne sont que 57% à penser que les autres les respectent.

79% déclarent savoir se protéger du virus alors que 54% seulement estiment que la plupart des gens savent comment le faire. Enfin, seuls 32% estiment qu’il est facile pour les autres d’éviter d’être infecté (vs. 52% pour eux-mêmes).

La peur face au virus

41% des Français jugent probable qu’ils aient été eux-mêmes infecté par le COVID-19 (54% chez ceux se rendant encore sur leur lieu de travail).

Dans cette hypothèse, 64% pensent qu’être personnellement infecté par le virus serait grave et moins de la moitié (45%) s’estimerait résistant en cas d’infection (seulement 24% chez les plus de 70 ans).

De ce fait, 49% des Français pensent souvent au Coronavirus et, pour 63% d’entre eux, il s’agit de quelque chose qui leur fait peur.

Par ailleurs, si les Français évitent de sortir de chez eux, c’est avant tout pour se protéger eux-mêmes et leur famille (90%) avant de protéger les autres (80%).

Dans ce contexte de grande défiance, comment les Français envisagent leurs déplacements après le 11 mai ? Quel impact pour les transports en commun ?

Déconfinement : quel usage des transports collectifs dès le 11 mai ?

Au lendemain du 11 mai, l’enquête montre que l’on va observer des modifications importantes, au moins à court terme, sur les modes de déplacement, en particulier sur les grandes agglomérations, et plus encore sur l’agglomération parisienne.

Une défiance des Français pour utiliser les modes de transports collectifs 

Près de 6 usagers sur 10 n’ont pas confiance pour utiliser les transports collectifs lors du déconfinement, et cela touche tous les modes de transports urbains (métro, tramway, bus), mais également les trains du quotidien (TER, Transilien).

Une érosion forte de l’utilisation des transports urbains est à prévoir à court terme avec 61% des usagers qui estiment qu’ils vont réduire leurs déplacements en transports en commun, et près de 2 usagers sur 10 que cela va durer plusieurs mois

Des modes de déplacements plus individuels, mais un report limité sur la voiture individuelle ou le covoiturage

Dans ce contexte, on devrait assister à un développement massif de la marche à pied et du vélo : près de 18% des habitants des grandes agglomérations vont se déplacer principalement à pied contre 10% aujourd’hui (de 3% à 6% pour le vélo). Les Français sont peu nombreux à déclarer se reporter sur la voiture, ce qui pourrait limiter la congestion automobile.

Méfiance oblige, l’esprit du moment n’est pas non plus au partage ou collaboratif, avec une absence totale de report sur le covoiturage.

Ces nouveaux comportements risquent d’engendrer de nombreux conflits d’usage liés au partage de la voirie et de la difficulté de faire cohabiter piétons, cyclistes, trottinettes, overboard….

Quelles conditions pour permettre une reprise des transports collectifs à moyen terme ?

À court terme, l’utilisation des transports en commun va donc être très limitée et reprendre très progressivement. L’usage sera essentiellement concentré sur des pendulaires domicile-travail avec peu de scolaires et d’étudiants, habituellement très présents sur les réseaux de transports, et dont la vraie rentrée va s’effectuer en septembre.

En revanche, il faudra garantir des conditions de voyages qui les rassurent pour l’avenir…

Eviter absolument la saturation du réseau avec des usagers prêts à jouer le jeu

82% des clients acceptent de décaler leurs horaires pour limiter la saturation du réseau. Il est donc nécessaire de leur proposer des moyens d’anticiper leur voyage et de choisir les bons créneaux horaires. 73% sont même prêts à accepter une dégradation de leur temps de trajet si elle leur apporte une sécurité supplémentaire.

Cet enjeu de contrôle des flux (appelé MaaS Transit) n’est pas nouveau pour les sociétés de transport, mais il sera plus que jamais déterminant pour regagner la confiance des utilisateurs. En Chine, par exemple, l’application Shanghai Metro proposera dès demain aux utilisateurs de connaître à l’avance l’affluence dans chaque wagon et pouvoir ainsi choisir le moins bondé

Apporter toutes les garanties de sécurité sanitaire… et en contrôler le respect

Près de 9 usagers sur 10 attendent des garanties fortes pendant l’utilisation du réseau. Iils souhaitent le port du masque obligatoire (89%), la gestion de la distanciation physique (88%), avoir des points de distributions de gels hydroalcoolique (92%) et considèrent que les agents doivent être présents pour faire respecter les gestes barrière (88%)

Inciter aux bons comportements 

Bien que la communication autour des gestes à appliquer soit nécessaire, il semble primordial de mettre en place des éléments plus incitatifs que directifs, pour favoriser les changements de comportement. Le Nudge, concept issu des sciences comportementales, jouera donc un rôle clé pour assurer l’application des bons gestes.

Les mesures mises en place au 11 mai et pendant les prochaines semaines seront déterminantes sur les futurs comportements des usagers. En effet, si les réseaux ne parviennent à rassurer les usagers, ces derniers risquent de déserter les lignes pendant un moment…

Méthodologie : Étude réalisée online, du 21 au 27 avril 2020, sur un échantillon représentatif de 1 000 personnes, âgées de 18 à 70 ans et plus.

En savoir + ou avoir accès aux données

Contact chez Enov Research

Thierry Morize

Directeur du Département Transport & Services Publics